Gasiorowski et Médée

La Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence expose pendant cet été 2012 des peintures (et quelques objets) du peintre Gérard Gasiorowski (1930–1986). L'exposition porte le titre « Gasiorowski XXe » (« XXe » pour 20ème siècle, et peut-être parce que Gasiorowski signait vers la fin de sa vie ces tableaux « G XX S »)

Peinture en noir et blanc, montrant une femme de face. Au
      dessue de sa tête on va un tableau montrant une autre femme.

Gérard Gasiorowski: Les Fatalités ou les liens de la famille: Médée (1972).

Beaucoup des tableaux exposés forment partie de séries et ont une double titre: le titre de la série et du tableau dans la série. Un de ceux est le tableau « Les Fatalités ou les liens de la famille: Médée »

C'est un tableau en noir et blanc, qui ressemble a une photo en noir et blanc de mauvaise qualité: trop de contraste, pas très net. En plus, la femme dont c'est ostensiblement le portrait n'occupe que la moitié basse de la « photo. » Elle est vêtue et coiffée de manière contemporaine, c.a.d., dans les années 1970.

Par dessus sa tête, on voit un tableau accroché au mur, qui montre une autre femme, qui, elle aussi, n'occupe que la moitié basse de son tableau. C'est une femme visiblement en détresse, avec un sein nu et un bébé dans les bras.

Médée n'est pas un nom que portent des femmes dans les années 1970, donc cette Médée du titre doit être la femme du tableau dans le tableau… En fait, pas exactement: Ce tableau est « Marguerite au sabbat, » de Pascal Dagnan-Bouveret (1852–1929) et représente une scène dans Faust de Johann Wolfgang von Goethe: Marguerite, qui avait tué son enfant après qu'elle a été abandonnée par Faust, apparaît à lui en fantôme. Mais cette Marguerite rappelle Médée, qui, dans la mythe grecque, aussi avait tué ses enfants après avoir été abandonnée.

Peinture montrant une femme hagarde dans la nuit, devant
      des flammes et de la fumée, avec une bébé dans le bras
      droit.

Dagnan-Bouveret: Marguerite au Sabbat (1911).

Dagnan-Bouveret était un peintre qui, un des premiers, utilisait la photographie (en noir et blanc à l'époque) pour lui aider à mettre plus de naturalisme dans ses toiles. Par contre, sa Marguerite occupe bien toute la hauteur du tableau.

Qu'est-ce Gasiorowski veut dire avec ce tableau et ce titre ? Que la femme en bas du tableau a, elle aussi, tué son enfant, comme Marguerite et Médée ? Est-ce que le tableau est cadré comme ça pour qu'on ne voit pas ses mains, dans lesquelles elle porte un bébé mort, comme Marguerite ?

Le tableau de Dagnan-Bouveret est au Musée d'Art et d'Histoire de Cognac. Le site de la Fondation Maeght a plus d'information sur l'exposition « Gasiorowski XXe. »

Bert Bos
Creé 30 juillet 2012